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France Avec la crise du vin, les ventes de barriques se tassent

Après une période d'euphorie dans les années 1990 et la mode des vins au goût boisé, la tonnellerie française connaît un tassement des ventes de barriques en chêne, lié à la crise de la filière viticole mais aussi à un retour vers des goûts plus fruités.

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"On assiste depuis deux ans à une régression du marché, souligne Bernard de Montaigu, tonnelier à Jarnac (Charente). Il s'agit d'un retournement de tendance profond dû principalement à la crise du vin", a-t-il ajouté.

La tonnellerie française, qui représente une production de 540 OOO fûts, a véritablement connu des années fastes jusqu'en 2000, exportant dans le monde entier ses barriques traditionnelles en chêne français (225 litres, soit 300 bouteilles), selon les chiffres donnés lors d'un colloque inter-professionnel organisé cette semaine à Bordeaux.

Dopés à l'époque par la croissance des ventes de vin et portés par la mode du goût boisé lancée par le célèbre critique américain Robert Parker, les tonneliers français ont vu leurs exportations quadrupler entre 1995 et 2001, puis chuter légèrement en 2002 et 2003, selon ce colloque qui s'est tenu dans le cadre de Vinitech, le salon mondial des équipements et techniques viticoles.

Une barrique coûte entre 500 et 600 euros, et, avec la crise, certains viticulteurs tendent à ralentir le renouvellement des fûts, qui se fait en moyenne tous les trois ans.

En outre, les professionnels expliquent le fléchissement des ventes par "l'effet dollar", qui pénalise les exportations hors de la zone euro, alors que les plus gros marchés étrangers se trouvent aux Etats-Unis, Australie, Afrique du Sud, Chili et Argentine.

Les produits "alternatifs" - copeaux de bois ou de "staves" (douelles chauffées) -qui donnent au vin un goût boisé- ont aussi commencé à concurrencer la barrique traditionnelle dans les pays du "Nouveau Monde".

Même si le gouvernement français n'exclut pas de légaliser les copeaux, les professionnels restent persuadés que la barrique française garde un avenir.

"Pour les vins haut de gamme, les viticulteurs continueront à utiliser des barriques", souligne Jean-François Bertran de Balanda, délégué régional Aquitaine et Charentes de l'Office national interprofessionnel des vins (Onivins).

Aussi, pour lui, la baisse actuelle des ventes de barriques correspond à un "reflux vers leur marché naturel : les grands crus classés, les crus bourgeois ou encore les AOC prestigieuses comme Pomerol, Saint-Emilion ou Châteauneuf-du-Pape".

"La barrique reste indispensable", confirme Pascale Peyronie, viticultrice de Pauillac, en Médoc. "Le bois apporte un complément à l'élaboration du vin: pour l'apport en goût boisé mais aussi la rondeur", précise cette propriétaire d'un cru bourgeois supérieur.

"Oxygénation et stabilisation des vins sont difficiles à reproduire en cuve", plaide-t-on aussi chez Seguin-Moreau, l'un des leaders du marché.

Avec la crise, les viticulteurs sont devenus plus "prudents" et préfèrent se détourner des marques peu connues pour choisir des "valeurs sûres", selon les professionnels.

"Avant les gens faisaient des essais, mais maintenant ils ne veulent plus prendre de risque", note Jean-Pierre Giraud, de la société Taransaud.

Si la crise viticole perdure, certains craignent toutefois que des viticulteurs se tournent vers les barriques en chêne américain ou est-européen -beaucoup moins chères- voire des fûts d'occasion.


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